Les TICs et l'éthique

De Wikicelium

Introduction

Les TICs et plus particulièrement l'informatique est au centre de bien des convoitises, depuis plusieurs années les entreprises sévissant dans ce domaine caracolent en tête de toutes les bourses et les plus grandes fortunes mondiales sont également issues du monde de l'informatique.

Les GAFAM (Google Apple Facebook Amazon et Microsoft, ainsi que beaucoup d'autres entreprises comme IBM, Oracle, Adobe, Tecent, Alibaba, ...) [1] sont régulièrement pointé du doigt pour leurs philosophies et des scandales, comme la pratique de l'obsolescence programmée, le non respect de la vie privé ou encore le monopole de l'information sont monnaies courantes.

Écologie et matières premières (les minerais du sang)

L'article Les TICs et l'écologie relate les problèmes liés à l'écologie, mais un domaine touche beaucoup plus l'éthique que l'écologie, c'est l'extraction et la provenance des matériaux nécessaires à la fabrication des appareils numériques.

Dans un smartphone ou une télévision connectée, il faut ~45 métaux différents pour sa fabrication. Certains métaux sont extrêmement rares (c'est d'ailleurs pour cela qu'on les appelles les terres rares) et donc les pays possédant des réserves importantes de ces ressources sont depuis longtemps soumis à des tensions politiques graves et même très souvent à des conflits armées meurtriers (d'où le nom "minerais du sang").

Une exemple flagrant et le minerais Coltan, qui contient le Tantale. L’électronique est la première application du tantale, environ 68 % de la production annuelle de Tantale est utilisée juste pour ce domaine. Il est principalement utilisé dans la construction de condensateurs. Le pays possédant les plus grandes réserves de Coltan et la République démocratique du Congo (dans la région du Kivu), qui détient entre 60 et 80 % des réserves mondiales. La République démocratique du Congo a subit de nombreuses guerres civiles et est encore actuellement très instables et plusieurs milices armées ont ressurgit ces dernières années.

Un autre exemple est la Bolivie, qui possède l'une des plus grande réserve mondiale de Lithium (utilisé dans les batteries) et qui est régulièrement en proie à des instabilités politiques, imputés par beaucoup d'observateur à leurs réserves de Lithium.

L'or est également un métal indispensable dans la fabrication d'appareils électronique, avec évidemment tous les problèmes liés à ce métal.

La finance

Les entreprises

En 2021, sur les 10 entreprises les plus capitalisées au monde, 9 sont issues des TICs (la liste ce-dessous affiche 10 entreprises, car cela diffère selon les semestres, mais il y toujours 9 entreprises liées aux TICs dans les 10 premiers) [2]

  • Apple
  • Microsoft
  • Amazon
  • Alphabet (Google)
  • Meta (Facebook)
  • Tecent
  • Tesla
  • Alibaba
  • TSMC
  • Nvidia

Les GAFAM ont les moyens légaux d'échapper quasiment totalement à l’impôt sur les bénéfices en pratiquant l'optimisation fiscale, qui consiste à rapatrier les bénéfices dans les pays fiscalement avantageux. Cela leur permet d'engendrer des profits considérables.

Selon un rapport de Moody's paru en 2017, Microsoft possède 130 milliards de dollars US placés dans les paradis fiscaux.

Selon une étude réalisée par Oxfam America et portant sur l'évasion fiscale des plus grandes entreprises américaine entre 2008 et 2014 ; Apple, Microsoft, IBM, Cisco et Google ont transféré plus de 450 milliards de dollars dans les paradis fiscaux, dont 181 milliards concernent Apple uniquement.

Les dirigeants

En 2021, sur les 10 personnes les plus riches du monde, 8 sont issues des TICs [3]

  • Elon Musk (Tesla, fondateur de Paypal) 271.7 Mds
  • Jeff Bezos (Amazon) 192.6 Mds
  • Bill Gates (Microsoft) 138.3 Mds
  • Larry Page (Alphabet) 123.5 Mds
  • Mark Zuckerberg (Meta) 120.3 Mds
  • Larry Ellison (Oracle) 119.7 Mds
  • Sergey Brin (Alphabet) 119.0 Mds
  • Steven Balmer (Microsoft) 105.8 Mds

Le total de capital de ces 8 personnes est de 1'190.9 Mds.

Sans distinction de domaine, le total des 10 plus riche est de 1498.3 Mds et le total des 20 premiers et de 2570 Mds.

Plus largement, 10% de la population mondiale la plus riche détiennent 76% des richesses totales.

D'après un rapport de l'ONU en 2015, il faudrait 267 Mds sur 15 ans pour éradiquer totalement la faim dans le monde [4], donc ~4'000 Mds. Les 10 milliardaires les plus riches au monde pourraient à eux seul participer à 37.5% de ce montant (62% avec les 20 premiers).

En plus de leur richesse indécente, on peut observer chez la plupart de ces milliardaires plusieurs dérives, dont certaines très graves. (Tourisme spatial, libertarisme, transhumaniste, pseudo philanthropie, accaparation de médias, ...)

Critiques et controverses des GAFAM

En plus des problèmes d'évasion fiscale, il y a évidemment énormément de raisons de détester ces entreprises, vous trouverez plus d'informations ici : https://wiki.reseaumycelium.ch/index.php?title=Pourquoi_faut-il_ha%C3%AFr_les_GAFAM%3F&venotify=created

Les stratégies commerciales

Les GAFAM et consorts gagnent évidemment de l'argent par beaucoup de biais différents. Bien entendu il y a une part de commerce classique (vente de matériels, de logiciels, de services, ...), mais un large pans de leur revenus (plus ou moins grand selon la société) se fait sur la collecte de données personnelles afin de les revendre ou de faire directement de la publicité ciblée.

Le profilage par l'analyse des données personnelles (Big Data)

Le principe de la publicité ciblée est simple: récolté le plus d'informations possible sur chaque Internaute afin de lui proposer des publicités susceptibles de l'intéresser. Pour parvenir à ce fichage de masse, ces multinationales ont donc mis en place une multitudes de services pour les internautes (Moteur de recherche Google, Facebook, Waths'app, Gmail, Youtube, Google Maps, ...) et cela souvent gratuitement afin d’appâter les utilisateurs, mais ils ont également développé énormément de services "cachés" dédiés aux entreprises et aux développeurs (Clouds, DoubleClick, Google Recaptcha, Scripts Facebook, ...). Il est très difficile pour des utilisateurs lambda de savoir comment contourner ses services et même de savoir quand ils y sont confrontés.

Ce type de publicité (en plus d'être une incitation à la consommation) implique donc un profilage extrêmement poussé de tous les internautes et même pour ceux qui n'utilisent pas directement leurs services, car ils arrivent par recoupement (par le biais d'autres utilisateurs) à ficher une bien plus large proportion d'internautes.

La phrase bien connue pour résumer cela est "Si c'est gratuit, c'est que vous êtes le produit" [5]. Cela pratiquement exact excepté tout ce qui concerne les logiciels libres.

On peut aussi largement imaginer que le coût énergétique d'un tel fichage doit être gigantesque (mais là il n'y a absolument aucun moyen d'avoir le moindre chiffre).

L'enfermement numérique par la propriété

La plupart des entreprises du numérique développent des logiciels propriétaires (ou logiciel privatif) [6], cela veut dire que ces logiciels sont soumis à plusieurs contraintes, la première étant que l'accès au code source est interdit, il n'y a donc pas de moyen (enfin peu de moyen) de savoir exactement ce que le logiciel fait comme opérations, il peut très bien vous espionner secrètement ... ce qui est d'ailleurs souvent le cas. Mais les logiciels propriétaires ont aussi d'autres restrictions, comme celle de l'utilisation restreinte ou même de l'interdiction d'utiliser le logiciel dans certaines circonstances.

Les logiciels propriétaires sont donc développés pour enfermer les utilisateurs et utilisatrices dans un écosystème numérique fermé, afin de les forcer à utiliser continuellement leurs produits.

Certaines entreprises (Alphabet en tête) sont plus pernicieuses et développent également des logiciels libres afin de se donner une image plus éthique, mais cette ouverture n'est qu'une façade et est surtout utilisée pour pénétrer des marchés. De plus elles en profitent pour ajouter dans ces logiciels des tonnes de codes pour tracer les utilisateurs et dans une moindre mesure, les enfermer également dans leur écosystème (Google Chrome, Android, ...). Cette pratique est certes moins grave que de développer des logiciels propriétaires, mais l'hypocrisie est bien réel.

Des logiciels propriétaires à des fins d'obsolescence programmée

Les logiciels ne sont pas uniquement les applications que les utilisateurs et utilisatrices utilisent pour créer ou consulter des données, mais regroupe un panel bien plus large de domaines, comme par exemple les pilotes de périphériques (comme le logiciel qui va transmettre à une imprimante les informations nécessaires pour qu'elle imprime un document), et on a déjà découvert des logiciels propriétaires conçu par des fabricants d'imprimantes, pour qu'elle cesse de fonctionner après une certaine durée de vie ou impose un changement de cartouche alors que l'encre n'est pas encore totalement épuisée.

Des formats propriétaires pour enfermer les utilisateurs

Les formats numériques sont aussi utilisés pour enfermer les utilisateurs dans un écosystème, par exemple les fichiers numérique de Microsoft (doc, docx, xls, xlsx, ...) ou ceux de Adobe (psd, ai, ...) sont spécialement conçu pour empêcher (ou du moins freiner) les utilisateurs à pouvoir changer de logiciels ou d'écosystème, car seul les éditeurs de ces formats en connaissent toutes les caractéristiques et de facto seul les logiciels développés par ces mêmes éditeurs peuvent afficher correctement ce type de format.

Le numérique comme nouveau mode de communication

Outre les questions de finances et de profilage, il faut bien comprendre que l'informatique est devenu (et de loin) le premier mode de communication non orale au monde. Aujourd'hui lors d'une seule journée, l'humanité produit autant voir plus de données numériques que l'ensemble de tous les textes écrits depuis le début de l'humanité.

Durant des siècles, l'écriture était réservé à des élites, qui utilisaient l'ignorance des peuples pour asseoir leur domination. La privatisation des services numériques se rapproche grandement de cette optique et est donc un danger réel, au même titre que si un pouvoir quelconque s'appropriait un langage oral ou aurait la main mise sur tous les écrits de l'humanité.

Constat

Les entreprises du numérique représentent donc l’ultralibéralisme à outrance, ils imposent leurs règles au monde entier, ils s'approprient ce nouveau mode de communication qui devance dors et déjà l'écriture, ils violent notre vie privée en pratiquant un fichage et un profilage de masse, tout cela en polluant allégrement la planète, pour au final que leurs propriétaires et actionnaires puissent s'amuser à faire du tourisme spatial, s'achètent de gigantesques îles paradisiaques, rêvent de vie éternelle et autres lubies alors qu'ils pourraient à eux seuls éradiquer la faim dans le monde (et bien d'autres choses encore).

Est-ce le monde dans lequel nous avons envie de vivre?

Solutions

Pour ne plus dépendre de ces multinationales et pour reprendre le contrôle du numérique, il y a une solution simple et existante, utiliser des logiciels libres!

Les logiciels libres

Références